lundi 28 février 2011

Comme un LUNDI

J’aime bien le lundi. Du moins, j’ai appris à l’aimer. Parce que j’arrive plus ou moins à gérer ma phobie des emails. J’y réponds en prenant mon petit-déjeuner et en écoutant les nouvelles à la radio. Ensuite je gère les affaires courantes.
Aujourd’hui par exemple, j’ai deux rapports à rédiger avant d’aller « au travail ». Ce matin je vais parler de la dissertation et cet après-midi de grammaire et du test oral de la semaine dernière. Les étudiants sont sympas.
Entre les deux cours je vais peut-être faire des photocopies (des exercices de grammaire supplémentaires), je vais déjeuner (à la cantine je crois ou dans un café), je vais plus certainement aller chez Liberty’s m’acheter un cahier pour mes prochaines aventures de recherche universitaire (le bleu aperçu vendredi soir), et m’acheter une montre, bleue aussi.
Lors de mes allers-retours, en bus uniquement (ils ne sont pas bleus à Londres), je vais continuer à lire le génial roman de Perec (à l’aller), et écouter une émission podcastée de France Culture ou de France Inter, comme Carnet nomade par exemple, au retour, histoire de voyager un peu en pensée, loin de la bousculade de l’heure de pointe au coeur de Londres.
Ce genre de lundis, avec leur petite routine bien huilée, agréable ma fois, prendront bientôt fin.
Me manqueront-ils ?
I don’t think so...

dimanche 27 février 2011

Il est temps

Les crépuscules se remettent à être grandioses.
Dans les magazines, on commence à parler de Potiche de François Ozon, de la Princesse de Montpensier et des Petits Mouchoirs qui vont sortir incessamment sous peu sur les écrans anglais. Cela faisait des mois que nous n’avions aucun film français à nous mettre sous la dent. Je me souviens quand ils jouaient dans les trois cinémas autour de la place de l’Odéon en novembre dernier.
Je n’ai plus de montre depuis l’automne. Mais le temps recommence à m’importer. Il m’a trop filé entre les doigts. Alors bientôt j’aurai une belle montre bleu nuit, ou bleu ciel à mon poignet – je n’ai pas encore décidé.

samedi 26 février 2011

Lendemain qui chante (mais en silence)

Hier, j’étais ce lapin blanc
Je n’ai pas beaucoup fermé l’oeil la nuit dernière. Réveillée vers 2h du matin, je me suis mise à passer en revue le séminaire d’hier. Il y avait beaucoup plus de monde que je ne le pensais, cinq fois plus. La personne qui est passée avant moi était d’une telle nervosité que sur ses supplications je lui ai cédé le pas. Elle devait parler pensant 30 minutes, elle en a pris 15 de plus. Et puis ce fut mon tour... J’avais un peu la gorge serrée, je pensais « bois un verre d’eau », sans esquisser le  geste de saisir le verre devant moi. Je pensais « relax max », mais sans vraiment me détendre. Et puis c’était fini. Mais tous ces yeux braqués sur soi, et puis la pause café où on vient nous dire un petit mot... Sans être parano, on se demande si les compliments sont  sincères ou pas... J’avais l’impression de jouer la comédie, d’être ouverte à tous les vents. C’est vraiment dur de s’exposer comme ça. J’ai envie d’aller dans le cerveaux de tous les gens présents pour y effacer mon souvenir, mon image, ma voix... D’où la nuit blanche.
Hercule et les oiseaux du lac Stymphale aux plumes d'airain
Mes propres oiseaux du lac Stymphale abattus, je suis allée à pied jusqu’à Piccadilly. Je me suis retrouvée dans la foule compacte et bruyante d’Oxford St et de Regent St un vendredi soir, à la sortie des bureaux. L’Enfer doit ressembler à ça. C’était dantesque. On entendait parler français partout, et comme c’est aussi les vacances scolaires ici, toutes les rues et tous les magasins étaient bondés.  
L'hydre de Lerne
J’ai fini par trouver un café avec une table libre. Et j’ai attendu deux heures, les oreilles cassées par la musique auprès de voisins idiots qui se moquaient en pouffant et en grimaçant de tous ceux qui rentraient. Plus tard, en sortant du restau où j’avais dîné, j’ai dû slalomer entre de joyeux fêtards qui se bousculaient devant les bars et les boîtes de nuit. Quelle joie de s’éloigner du bruyant West End dans un joli bus rouge !
En fait, je n’étais pas mécontente d’être confrontée à tout ça. Je me disais que c’était un rite de passage et que le lendemain – aujourd’hui – j’allais passer une journée des plus belles et des plus douces. Je l’ai bien mérité !

vendredi 25 février 2011

Il sera deux heures, deux heures et demie, peut-être même trois heures moins le quart (Perec)


Rhapsode barbu commençant  son histoire par ces mots:
"Il était une fois à Tiryns..."

Il y a quatre mois, le 25 février 2011 me paraissait une date lointaine, très lointaine. Le 25 février 2011 n’aurait lieu que dans des siècles. J’avais tout mon temps. Et nous y voilà. Et ce n’est pas grave. Je pense que je vais avoir « un peu peur » au moment de prendre la parole, et puis c’est tout. Et peut-être même pas. Et en même temps, c’est normal d’avoir le trac !
Et après... après... la fée Liberté viendra me toucher de sa baguette... je vais  prendre mon vol telle « l’oiseau de Minerve à l’heure où les lions vont boire » et je vais regagner, « à la vitesse de l’épervier aux yeux songeurs », ma maison, mes livres, ma vie ! Chouette !
Ça n’a rien à voir mais hier j’ai reçu le livre de Georges Perec Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? Quelle merveille ! Ravissant !

jeudi 24 février 2011

Début du grand ménage

J’envie les travailleurs du matin. Lent à l’ouvrage, je travaille avec un sentiment de culpabilité : il faut rattraper le temps perdu. Comment perdu ? A me rassembler. Les choses prennent meilleure figure l’après-midi, le soir, mais pas régulièrement. Beaucoup de renoncements ; théâtres et cinémas presque nuls, malgré mon intérêt. Un peu plus souvent, je m’accorde l’opéra. Comment consommer, quand on doit produire ? L’écriture a lieu sur des notes anciennes, gardées en réserve, mûries.

Jean Starobinski dans Le Magazine Littéraire, Septembre 1990
Depuis quelques temps, cela me démangeait d’ouvrir les grosses boîtes rouges, entassées près de mon bureau, pour en trier les documents qui s’y trouvaient. C’est avec délices que j’ai soulevé le couvercle de la première à ma portée. J’y ai découvert des dossiers commencés il y a 20 ans voire plus! Des tonnes d’articles de journaux et de magazines divers tout jaunis, surlignés de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, des photocopies de livres, des notes sur les films que j’ai étudiés... Je sais que si je revoyais ces films aujourd’hui, je jetterais un oeil neuf dessus. D’ailleurs je me demande bien ce que sont devenus ces jeunes réalisateurs, si prometteurs il y a 10 ans et évanouis depuis dans la nature... J’ai trouvé des essais avec les commentaires de mon directeur de thèse, des lettres des réalisateurs et des producteurs à qui j’écrivais et qui, si surpris que je m’intéresse à leur poulain, m’envoyaient cassettes et documents sur leurs oeuvres. C’était très émouvant de remarquer que certains articles qui m’avaient beaucoup servi, et que je consultais régulièrement, dataient de 1999. Il me semblait que c’était hier que je les lisais ! Je n’ai pas vu le temps passer. J’ai fait le grand vide mais il en reste autant à jeter. Ai-je besoin de garder ces articles sur Alain Cavalier dont je n’ai jamais pu regarder un film jusqu’à la fin ? Et si je changeais d’avis dans 10 ans ? J’ai envie de tout trier, jeter, classer, nettoyer... envie de tout changer autour de moi, faire le vide pour le garnir de tout ce qui me reste à découvrir : « J’attends des oeuvres qui me fassent découvrir une attente que je méconnaissais » dit Jean Starobinski.

mercredi 23 février 2011

Des pommes de terre sublimes

- Justement c’est à propos du Maroc... s’écria la princesse saisissant précipitamment ce joint.

- Qu’est-ce qu’il peut vouloir pour le Maroc? demanda sévèrement M. de Guermantes; Oriane ne peut absolument rien dans cet ordre-là, il le sait bien.

- Il croit qu’il a inventé la stratégie, poursuivit Mme de Guermantes, et puis il emploie des mots impossibles pour les moindres choses, ce qui n’empêche pas qu’il fait des pâtés dans ses lettres. L’autre jour, il a dit qu’il avait mangé des pommes de terre sublimes, et qu’il avait trouvé à louer une baignoire sublime.

- Il parle latin, enchérit le duc.

- Comment, latin? demanda la princesse.

- Ma parole d’honneur! que Madame demande à Oriane si j’exagère.

- Mais comment, madame, l’autre jour il a dit dans une seule phrase, d’un seul trait: «Je ne connais pas d’exemple de Sic transit gloria mundi plus touchant»; je dis la phrase à Votre Altesse parce qu’après vingt questions et en faisant appel à des linguistes, nous sommes arrivés à la reconstituer, mais Robert a jeté cela sans reprendre haleine, on pouvait à peine distinguer qu’il y avait du latin là dedans, il avait l’air d’un personnage du Malade imaginaire! Et tout ça s’appliquait à la mort de l’impératrice d’Autriche!

- Pauvre femme! s’écria la princesse, quelle délicieuse créature c’était.

- Oui, répondit la duchesse, un peu folle, un peu insensée, mais c’était une très bonne femme, une gentille folle très aimable, je n’ai seulement jamais compris pourquoi elle n’avait jamais acheté un râtelier qui tînt, le sien se décrochait toujours avant la fin de ses phrases et elle était obligée de les interrompre pour ne pas l’avaler.

Le côté de Guermantes de Macel Proust

Pourquoi cela aujourd’hui ? Je n’en sais rien, c’est très drôle, c’est tout ! Et puis, je vais chez le coiffeur, c’est sublime !

mardi 22 février 2011

Mads & Lars

En ce moment, sur BBC4, on peut voir Forbrydelsen (The Killing), une formidable série criminelle danoise. Je n’ai jamais entendu de langue plus extraordinaire que le danois. Comme l’énigme est haletante j’oublie que je lis des sous-titres, mais il suffit que je détourne une demi seconde les yeux de l’écran pour que la langue danoise « de bric et de broc » me dégringole dans les oreilles. Ça me fait à chaque fois l’effet d’un cataclysme. Pendant l’heure qui suit les épisodes hebdomadaires, je me surprends à prononcer des mots entendus dans le feuilleton, surtout des noms propres comme « Pernille » (le nom d’un personnage féminin, prononcé « perniiiiiiye ») et surtout celui du politicien Troels Hartman : « Trouls Harrrrttttman ». Il est beau Trouls ! Dans la vie il s’appelle Lars Mikkelsen et il a la chance d’être le frère de Mads Mikkelsen. J’aime Mads Mikkelsen dans les films de la danoise Susanne Bier Elsker dig for evigt (Open hearts) et Efter brylluppet (After the Wedding). J’espère qu’en danois wedding ne se dit pas brylluppet, ce serait trop drôle !  

PS: Le Monde a gentiment mis sur son site aujourd’hui un document sur le marché aux poissons de Tsukiji dont je parlais la semaine dernière :  ici

J’aime The Killing parce qu’il est impossible de savoir qui a fait le coup. L’enquête qu’essayent de résoudre les deux détectives - qui sont eux-mêmes à couteaux tirés – est souvent au point mort et la façon dont elle est relancée est toujours ingénieuse. On se rend compte que la politique danoise n’a rien à envier à la française, c’est un peu le même panier de crabes – ça me donne envie d’en savoir plus. Et les questions de société sont vraiment proches des nôtres. Sur la table du conseil lors des réunions de Troels, il y a pleins de petits pains, de brioches, de danish pastries... que personne ne touche et ça me met l’eau à la bouche !

lundi 21 février 2011

Les divines et profondes harmonies possibles

Adieu, épine dans le pied ! Vie, reprends ton cours. J’ai fait tout ce que j’ai pu et, ce matin j’ai dit : basta ! Maintenant il me reste à présenter le fruit de mes cogitations (vendredi prochain), et c’est tout.
J’ai appris tant de choses en faisant ce travail ! Plus ça allait, plus je me disais que je ne savais rien. Un peu comme ces gens qui vont essayer un nouveau maillot de bain et s’en veulent de s’être goinfrés de pizza pendant toute l’année. Je m’en suis voulu d’avoir (parfois) perdu mon temps alors qu’il y a tant de choses à apprendre, des choses magnifiques...
« Il faut se dépêcher de s’en gaver de rêves pour traverser la vie, qui vous attend dehors, sorti du cinéma, durer quelques jours de plus à travers cette atrocité des choses et des hommes. » (Louis Ferdinand Céline)
J’ai envie de pleins de choses maintenant, j’ai envie de me gaver de lectures, de romans et d’essais, je veux toujours avoir un livre à la main, et prendre des notes, me remettre à lire en espagnol, revoir les films de Fellini et de Visconti... Je veux me balader et prendre des photos, m’asseoir sur un banc et bêtement lire. Oui, tout bêtement. Et j’ai envie d’aller manger un cup cake à la noix de coco à Covent Garden.
Je me sens libre comme l’air.
Cela aurait peut-être bien de me lever de mon fauteuil avec l’envie folle de faire du sport, mais ce n’est pas encore pour demain !

dimanche 20 février 2011

Remue-méninges

L’hiver cependant finissait ; la belle saison revint, et souvent, comme Albertine venait seulement de me dire bonsoir, ma chambre, mes rideaux, le mur au-dessus des rideaux étant encore tout noirs, dans le jardin des religieuses voisines j’entendais, riche et précieuse dans le silence comme un harmonium d’église, la modulation d’un oiseau inconnu qui, sur le mode lydien, chantait déjà matines, et au milieu de mes ténèbres mettait la riche note éclatante du soleil qu’il voyait. Une fois même, nous entendîmes tout d’un coup la cadence régulière d’un appel plaintif. C’étaient les pigeons qui commençaient à roucouler. (...) Ce mélancolique morceau exécuté par les pigeons était une sorte de chant du coq en mineur, qui ne s’élevait pas vers le ciel, ne montait pas verticalement, mais, régulier comme le braiment d’un âne, enveloppé de douceur, allait d’un pigeon à l’autre sur une même ligne horizontale, et jamais ne se redressait, ne changeait sa plainte latérale en ce joyeux appel qu’avaient poussé tant de fois l’allegro de l’introduction et le finale.

La Prisonnière de Marcel Proust
Les bourgeons commencent à grossir au bout des branches, et hier j’ai vu pour la première fois deux petits oiseaux, minuscules, que je n’avais jamais remarqués dans ces parages. Février passe comme dans un songe.
Il y a un grand fouillis autour de moi. A faire peur. Infernal. Que je prends un malin plaisir à aggraver. C’est un peu comme dans ce jeu où les tuiles s’empilent les unes sur les autres, de plus en plus vite. Malgré tout ce n’est pas étouffant... Ce désordre grandissant n’a d’égal que la joie que je me fais à l’idée de tout ranger. À le réduire en poussière. À fermer les livres, à trier les journaux, à classer les papiers, à ranger les petites boucles d’oreille deux par deux dans leur boîte pour éviter de mettre toujours les mêmes... ça va être bien ! Encore une semaine.

samedi 19 février 2011

Travaille! Tu t'amuseras après!

Ça me fait rire!
Voilà, je travaille, je suis sur mon ordinateur, j’écris une phrase, je la biffe, je compulse frénétiquement livres et dictionnaires, et mes notes, je réfléchis tout haut, je me relis, ajoute une virgule, et les heures passent, nombreuses. Je ne travaille pas en silence, je devrais, mais la radio est allumée, les émissions défilent, je n’y prête qu’une oreille distraite. Je suis concentrée et fière de l’être.
Salon de l'agriculture

Mais, bien sûr, la concentration se relâche de temps en temps et prend des chemins de traverse l’espace de quelques secondes. Me voilà boulevard Saint-Germain, en face de la maison d’Apollinaire. Je traverse la rue. Mais cela ne m’amène pas sur l’autre trottoir, parce que soudain je pense à Victor Hugo. L’envie de lire Les Misérables me taraude. Soudain j’imagine A. faisant des recherches à la BnF. Il doit être en train de travailler très dur, lui, le nez dans ses bouquins, il doit avoir une grande capacité de travail - j’aime cette expression une grande capacité de travail, c’est sûr, il n’est pas le genre à s’éparpiller, lui ! Ces pensées sonnent la fin de la récréation. Patatrac ! Arrivée au sommet du Parnasse, j’en dégringole, je reprends mes esprits, je me remets à la tâche, jusqu’à la prochaine distraction.

vendredi 18 février 2011

Demeurer à requoi

Portes de l'Enfer de Rodin
Parc Ueno - Tokyo
Je veux lire en trois jours l’Iliade d’Homère,
Et pour ce, Corydon, ferme bien l’huis sur moi.
Si rien me vient troubler, je t’assure ma foi
Tu sentiras combien pesante est ma colère

Je ne veux seulement que notre chambrière
Vienne faire mon lit, ton compagnon, ni toi,
Je veux trois jours entiers demeurer à requoi,
Pour folâtrer après une semaine entière. 

Pierre de Ronsard (extrait)
Les hasards du calendrier m’offrent un jour de plus que Ronsard, à rester l’huis bien fermé sur moi, mais malheureusement « folâtrer » n’est pas au programme. Mais quand même...
Il y avait hier dans Le Monde un dessin très amusant tiré du New Yorker dans lequel un roi, assis sur son trône, disait : Ce que j’apprécie le plus, c’est de pouvoir travailler chez moi. Son « ordinateur » se trouvait à ses pieds : un page  écrivait à la plume sur un parchemin.

jeudi 17 février 2011

Il était une fois... 3

Sur le chemin du retour de nos excursions dominicales, on s’arrêtait au port de Mohammedia d’où on ramenait d’énormes crabes pour notre repas du soir. Je me souviens du bruit qu’ils faisaient dans le coffre de la voiture. J’imaginais qu'ils voulaient percer la banquette arrière pour venir me pincer les fesses et se venger de trop les aimer !
On achetait aussi toutes sortes de crustacés, des moules, des crevettes, des coquilles Saint-Jacques et d’énormes poissons frétillants tout juste sortis des filets des pêcheurs. On les préparait au four avec des tomates et des pommes de terre ou en sauce tomate.
Je revois la petite halle ouverte sur la jetée, et les gens qui circulaient parmi les fruits de mer et les poissons dans un joyeux brouhaha.
Tsukiji, le marché aux poissons de Tokyo, est trop gigantesque et bruyant pour me rappeler celui de mon enfance. Celui de Eau tiède sous un point rouge de Shôhei Imamura, un film magnifique, m’y ramène à chaque fois.

mercredi 16 février 2011

Il était une fois... 2

L’hiver on délaissait la plage pour « la forêt ». Elle se trouvait à Camp Boulhaut (j’ai toujours cru que cela s’écrivait Camp Boulot), qui a repris aujourd’hui son nom de Ben Slimane.
C’était une magnifique forêt de chênes lièges à 60 km de Casablanca. Je me souviens du sous-bois et des bruyères. Je faisais de la balançoire.

Je ne me doutais pas que cet endroit portait le nom du Lieutenant Paul Boulhaut, mort en 1908 lors de la colonisation du Maroc.
Cet arbre semble sortir d’un film de Kiyoshi Kurosawa
Je me souviens aussi d’une vieille auberge qu’on appelait « la Cascade » (son vrai nom était le Panier Fleuri), où des paons se pavanaient sur la terrasse. On y dégustaient de délicieux méchouis.

Un visage étrange prisonnier d’un arbre
Un jour, nous pique-niquions en famille au bord d’un oued. Il s’était mis à pleuvoir. Nous nous étions réfugiés sous un petit pont.

mardi 15 février 2011

Il était une fois... 1

Oiseaux prêts au décollage
Parfois le dimanche nous allions à Tit Mellil (que j’appelais La petite Mellil). Il y avait un aéro-club et je regardais les petits avions décoller au dessus des champs. Je revois le drapeau rouge et blanc en forme de tube qui indiquait la direction du vent. Je ne sais pas si on y pique-niquait ou si nous nous y arrêtions en revenant de « la forêt ». J’imaginais qu’il se trouvait très loin de chez nous et ça me fait drôle de lire qu’aujourd’hui il est situé dans la banlieue-est de Casablanca.

PS: Je viens d’apprendre qu’Abbas Kiarostami tournerait en avril son nouveau film « The End »... au Japon et en japonais ! Pour une nouvelle, c’est une nouvelle.  

lundi 14 février 2011

Amour, quand tu nous tiens...

Votre personne, vos moindres mouvements me semblaient avoir dans le monde une importance extrahumaine. Mon cœur, comme de la poussière, se soulevait derrière vos pas. Vous me faisiez l’effet d’un clair de lune par une nuit d’été, quand tout est parfums, ombres douces, blancheurs, infini ; et les délices de la chair et de l’âme étaient contenues pour moi dans votre nom que je me répétais, en tâchant de le baiser sur mes lèvres. Je n’imaginais rien au-delà.
Gustave Flaubert, L’Éducation sentimentale
Au supermarché du quartier, sur l’étagère dédiée aux petits dîners aux chandelles de la Saint Valentin, on trouve des camemberts frits et leur confiture d’airelles.
Tous les magasins, tous les restaurants, affichent dans leur devanture des petits coeurs rouges, des colombes blanches, des pommes d’amour. Ils rivalisent d’imagination pour leur menu de Valentine’s Day. Le rouge dans la vitrine des restaurants thaï ou chinois n’est pas celui des coeurs mais de petits bonhommes en costumes qui nous souhaitent une bonne année du lapin.
Pas de coeur non plus sur la porte rouge de la caserne des pompiers qui malgré tous les coeurs embrasés de par et d’autre de la rue, devront rester les bras croisés !

dimanche 13 février 2011

Vie de Cocagne

Un beau jour sur la grève, j’ai écrit son nom, mais survinrent les vagues et tout fut effacé.
Recommençant je l’ai écrit une autre fois, mais survint la marée qui fondit sur ma peine.
Homme vain, dit-elle, tu veux en vain tenter d’immortaliser quelque chose de mortel quand moi-même dois semblablement disparaître, que jusqu’à mon nom doit être ainsi balayé.
Non point, fis-je, de moins nobles choses se voient finir en poussière.
Toi, ton renom vivra, mes vers vont éterniser tes vertus si rares, et dans les cieux vont écrire ton nom glorieux.
Là, quand la Mort aura soumis le monde entier, notre amour vivra, renouveau de vie future.

Amoretti #75 de Edmund Spenser (1594)
Quelqu’un m’a dit cette semaine qu’une de ses connaissances venait de gagner une somme astronomique au loto. Elle s’est acheté 7 maisons. Elle en loue 6. En décembre, au réveil, en ouvrant ses rideaux, constatant qu’il avait neigé, elle s’est précipitée pour acheter, non pas une paire de bottes ou des gants, mais un gros 4x4 dernier cri.
Je lui ai dit comme ça, d’un ton rêveur – où affleurait une petite pointe de jalousie, que moi, j’achèterais une maison en France et que je voyagerais. Ce qui, d’un côté, est un peu paradoxal.
Les rêves et les désirs fluctuent, je sais, mais ce matin, en imaginant ce que je ferais si je venais de gagner le gros lot, je me vois vivre à Paris. Je me vois passer au moins un an à « ne rien faire ». Je suivrais des cours d’histoire de l’art – par exemple je serais la plus assidue à ceux dispensés par le Musée d’Orsay sur La figure de l'artiste du XIXe siècle dans la fiction (ici), je visiterais les musées du  monde entier... Rêves bien sages...  

Mais il y a aussi toutes ces choses que l’argent n’achète pas et pour lesquelles il ne servirait à rien de devenir riche comme Crésus...

samedi 12 février 2011

Miracle!

La gare avait une architecture futuriste. Je m’approche du guichet, je montre mon billet (il y a un 2 noir écrit dessus) et je dis que je veux aller à Bastille. L’employé me dit : « Vous allez devoir payer £10 ». Je règle le montant. Quelqu’un derrière moi me dit que c’est fou d’avoir payé autant, que personne n’a jamais payé autant pour un ticket de métro, et que cette histoire va faire rire toute la RATP. Et nous nous mettons à rire nous-mêmes. Je pense soudain que maintenant je n’ai plus de fric, qu’il ne me reste plus que €175. Je pense à mon compte en banque : c’est une boîte à chaussure poussiéreuse où se trouvent 2 ou 3 billets chiffonnés.
Je me suis réveillée : ça y’est, nous étions samedi ! Youpi !

vendredi 11 février 2011

Vivement demain!

Le vendredi finit toujours par arriver, et en ce moment ce sont des journées de 12h non stop, juste le temps de manger sur le pouce.
Il ne se passe pas grand chose en ce moment : je travaille, je lis peu, j’ai tout le temps sommeil, j’attends le week-end comme le messie...
Vivement la fin du mois!

jeudi 10 février 2011

But

Ces jours-ci, je ne pense qu’à ma vie après le 25.
Toutes mes heures de libre – si on exclue celles que je passe au cinéma ou devant un feuilleton danois vraiment haletant...
Je les passe à préparer le 25 de ce mois-ci.
Après je vais revivre.

mercredi 9 février 2011

I will survive!

Il fait un temps magnifique, le soleil brille de tous ses feux. Il fait si bon...
Mais tout le reste n’est pas très « jojo »... Une semaine à rayer de mes tablettes !