samedi 12 mars 2011

Quand la fiction rejoint la réalité

Hier matin, pendant le trajet Londres-Paris, je réfléchissais à l’article que j’écris sur les récents films d’un réalisateur japonais. Lors d’un voyage, quand le corps est coincé dans un siège, bercé par les bavardages feutrés alentours, il est plus facile à l’esprit de courir la campagne. Comme recherches annexes, j’avais dû relire des récits sur l’Atlantide dont le Critias de Platon, et une de mes dernières pensées avant de m’endormir avait été de regarder dans le dernier livre d’Emmanuel Carrère comment il avait décrit le tsunami. Je n’aimais pas trop le titre que j’avais choisi, il fallait qu’il y ait le nom de Tokyo, mais aussi qu’on sache que j’allais parler de catastrophe, d’engloutissement. A mon arrivée à Paris, près de l’arrêt de bus, j’ai avisé l’affiche d’une expo dont le titre – un jeu de mots avec un célèbre film policier – correspondait exactement à ce que je cherchais. C‘est en moins de deux secondes, en attendant le bus qui me conduirait au Musée du Luxembourg, que j’ai écrit le titre de mon futur article.
En fin d’après-midi, en me baladant au Louvre, je cherchais des yeux le réalisateur japonais qui est invité ce week-end par ce musée. Je me disais que si je le voyais, j’irais l’alpaguer et lui dire, dans mon plus beau japonais de cuisine que j’écrivais sur lui et que tatataan : voilà mon titre. Quelle belle jambe cela lui aurait fait ! Je savais bien sûr qu’il aurait autre chose à faire que de visiter le Louvre, même si c’est un Nocturne, et qu’il aurait droit à une ristourne, et qu’il était sûrement en train de disserter avec des cinéphiles de ses amis autour de ravioles au foie gras. Et je crois que même si je l’avais croisé, je me serais plus changée en statue qu’autre chose – une métamorphose qui lui aurait bien plu d’ailleurs vu la teneur de ses films !
De retour à la Gare du Nord, je suis allée faire le plein de magazines comme d’habitude... et quelle ne fut pas ma stupeur en voyant la Une du Monde sur le tsunami au Japon. J’ai été littéralement tétanisée. Tout ce qu’on retrouve dans les articles, et je m’excuse pour ce mauvais jeu de mots, apporte de l’eau à mon moulin... Et un réalisateur japonais, sous couvert d’histoires de revenants qui, à force de les visionner ne me font plus ni chaud ni froid, en parle subrepticement, mais de plus en plus clairement. Quelqu’un lui posera-t-il la question aujourd’hui au Louvre ? Malheureusement je ne serai pas là pour l’entendre.
Que c’est triste... J’ai vraiment beaucoup de chagrin.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire