mercredi 2 février 2011

Du monde au balcon

You're the top! You're the Coliseum,
You're the top! You're the Louvre Museum,
You're a melody from a symphony by Strauss,
You're a Bendel bonnet, a Shakespeare sonnet,
You're Mickey Mouse.
You're the Nile, You're the Tower of Pisa,
You're the smile on the Mona Lisa.
I'm a worthless check, a total wreck, a flop,
But if, Baby, I'm the bottom,
You're the top!

You’re the top, paroles et musique de Cole Porter
Au Louvre se trouve un tableau intitulé Saint Jérôme dans le désert, exécuté par Joachim Patinir en 1515 (ici). Il me fait penser à un célèbre poème de W.H. Auden dont voici un extrait :

In Breughel's Icarus, for instance: how everything turns away
Quite leisurely from the disaster; the ploughman may
Have heard the splash, the forsaken cry,
But for him it was not an important failure; the sun shone
As it had to on the white legs disappearing into the green
Water; and the expensive delicate ship that must have seen
Something amazing, a boy falling out of the sky,
had somewhere to get to and sailed calmly on.

Musée des Beaux-Arts de W.H. Auden
J’aime ce tableau pour le bleu Patinir dont a si bien parlé Jorge Semprùn dans La Montagne blanche, mais aussi pour toutes les petites scènes qui se déroulent aux alentours de la grotte du Saint : le décor est bien loin d’être désertique ! Mais par quel miracle cela n’enlève-t-il rien à sa solitude ?
L’ascète prie, médite, tandis qu’un chien débusque  un oiseau doré qui s’envole par dessus une haie. L’ombre brune sur le chemin ondule comme une plaie.
Ailleurs, mais proche, à vol d’oiseau ou de regard, un cavalier noir et son chien s’éloignent d’un village alors que des poules picorent, indifférentes, sur leur chemin. est-il muni d'une lance?
Des moutons paissent (ils me font penser à des tiques accrochées à la peau d’un chien), un paysan les observe, un papillon ou un oiseau s’envolent à son approche, pousse-t-il une charrue ? Le chien jaune polisson lui appartient-il?
Le fleuve tranquille est parsemé de bateaux. On devine un barque et son filet, une tour au loin, un port, une ville. Un cavalier blanc longe la rive. Les ailes du moulin tournent paisiblement.
Un autre paysan laboure son champ.

Des ronces rappellent la couronne d’épines...
Un petit lézard roupille sur une roche...
Et toujours ce motif de zigzags, de lézardes
Des lapins blancs broutent la luzerne...
Une caravane de chameaux et de chevaux vient d’arriver menée par des marchands orientaux. Ils viennent se désaltérer peut-être près d’une source ?
Un homme s’éloigne sur un chemin. Il a une hotte sur le dos. C’est peut-être un paysan allant vendre les produits de sa ferme à la ville ? J'aimerais le suivre sur ce chemin convoluté ! 
Sur la place, devant la cathédrale blanche, autour d’une fontaine, sont rassemblés des ânes, des chiens, des chevaux, des chameaux et des hommes. C’est sur cette place qu’aboutit notre regard. J’aime que mes photos - malgré elles - fassent ressortir le travail du bois, les couches de peinture et de vernis, les plis, les craquelures... Le travail du temps qui rend ce tableau vivant et pas seulement dans mes souvenirs.

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