samedi 5 février 2011

Des jours cousus d'or et de soie

Mme de Chaulnes me mande que je suis trop heureuse d'être ici avec un beau soleil; elle croit que nos jours sont cousus d'or et de soie. Hélas mon cousin, nous avons cent fois plus froid ici qu'à Paris. Nous sommes exposés à tous les vents. C'est le vent du midi, c'est la bise, c'est le diable, c'est à qui nous insultera; ils se battent entre eux pour avoir l'honneur de nous renfermer dans nos chambres. Toutes nos rivières sont prises, le Rhône, ce Rhône si furieux n'y résiste pas. Nos écritoires sont gelées ; nos plumes ne sont plus conduites par nos doigts, qui sont transis. Nous ne respirons que la neige; nos campagnes sont charmantes dans leur excès d'horreur. Je souhaite tous les jours un peintre pour bien représenter l'étendue de toutes ces épouvantables beautés. Contez un peu cela à notre duchesse de Chaulnes, qui nous croit dans ces prairies, avec des parasols, nous promenant à l'ombre des orangers.

Madame de Sévigné, 3 février 1695
Dormir jusqu’à 9h du matin avec, au réveil, l’envie de rester sous la couette toute la journée, c’est quasiment inédit chez moi. C’est ce qui m’est arrivé ce matin, après un rêve confus d’emploi du temps, dans lequel on me disait que je devais enseigner dès le lendemain un cours de cinéma sur un film expérimental américain intitulé Rage ! La rage c’est moi qui l’avait dans mon rêve... Ma collègue m’annonçait tous les changements apportés à mon emploi du temps actuel. « Je n’ai plus cours le mardi ? » hurlais-je, comme si je le regrettais. C’est marrant parce que le mardi est en réalité la plus longue journée de la semaine dans mon vrai emploi du temps. Quel soulagement au réveil de prendre conscience que mes longs mardis étaient intacts et que nous étions samedi matin...
J’ai pensé à un reportage sur le Pacifique Sud qui passe sur la BBC en ce moment. On y voyait une vénérable tortue se déplacer laborieusement dans les abysses, une nuée de magnifiques poissons exotiques jaune vif et bleu marine lui grignotant les coquillages collés à sa carapace : grâce à leur action, elle peut filer plus vite au fond de l’océan. Je suis un peu comme cette tortue, mais les poissons qui me tournent autour (pas tous...) me ralentissent et dévorent mon énergie. Quel soulagement d’avoir deux jours devant moi (studieux malgré tout) pour me refaire une carapace !

5 commentaires:

  1. Tu as besoin d'un bol d'air ...
    Je te sens 'exposée à tous les vents '

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  2. C'est exactement cela Madame Soleil!

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  3. J'ai vu plein de tortues... fossilisées cette après-midi, au musée des sciences naturelles. Ainsi que des dinosaures. Et "Il Divo" de Sorrentino, ça décoiffe (et ça donne envie de s'enfiler des tas et des tas de films, cela faisait longtemps que le cinéma ne m'avait plus autant... enthousiasmé !) ! Belle soirée !

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  4. Quoi? C'est moi que tu traites de vieux fossile? Tu me diras, tu es proche de la verite, hi hi hi!

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  5. Hin hin, en me relisant, je me suis dit que ça allait te faire rire. La tortue est un de mes surnoms...

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