mardi 1 février 2011

Bon cru

Musée de l’Hôtel Gouïn - Tours
Je désirais suivre la vie d’une année, mois après mois, semaine après semaine, jour après jour si possible, un peu comme on ferait le roman d’une année. Je rêvais d’entrer dans une année, de la vivre ou de la revivre à son rythme, sous tous ses aspects, dans tous ses détails : lire tous les livres publiés du 1er janvier au 31 décembre de cette année-là ; parcourir toute la presse (tous les quotidiens, les hebdomadaires, les revues); voir tous les films sortis pendant cette année-là ; écouter la radio ; regarder la télévision ; me plonger ou me replonger dans la vie quotidienne, dans les chansons, la publicité, la mode, etc.

1966 : Annus Mirabilis d’Antoine Compagnon
Collège de France - Cours du 4 janvier 2011
Le cours a à peine commencé que déjà vous avez envie d’aller vérifier dans Les Misérables de Victor Hugo les pages qu’il cite ou de lire Annus Mirabilis : A Year of Wonders, 1666. An Historical Poem de John Dryden. Année des miracles car d’accord, l’Angleterre aura connu des catastrophes cette année-là (le Great Fire of London entre autre), mais « ça aurait pu être pire » !

Yet London, empress of the northern clime,
By an high fate thou greatly didst expire;
Great as the world's, which, at the death of time
Must fall, and rise a nobler frame by fire!

Annus Mirabilis (212) de John Dryden
Maintenant je me demande quelle année j’aimerais revivre ainsi ?

Voilà, pêle-mêle, ce qui surnage confusément de l’année 1817, oubliée aujourd’hui. L’histoire néglige presque toutes ces particularités, et ne peut faire autrement ; l’infini l’envahirait. Pourtant ces détails, qu’on appelle à tort petits — il n’y a ni petits faits dans l’humanité, ni petites feuilles dans la végétation — sont utiles. C’est de la physionomie des années que se compose la figure des siècles.

Les Misérables (T.1 L.3) de Victor Hugo

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