dimanche 6 février 2011

Péchés mignons

Un corbeau se cache parmi les branches
Diphile commence par un oiseau et finit par mille ; sa maison n'en est pas égayée, mais empestée ; la cour, la salle, l’escalier, le vestibule, les chambres, le cabinet, tout est volière ; ce n'est plus un ramage, c'est un vacarme ; les vents d'automne et les eaux dans leurs plus grandes crues ne font pas un bruit si perçant et si aigu. Ce n'est plus pour Diphile un agréable amusement, c'est une affaire laborieuse et à laquelle, à peine, il peut suffire. Il passe les jours, ces jours qui échappent et qui ne reviennent plus, à verser du grain et à nettoyer des ordures. Il est vrai que ce qu'il dépense d'un côté, il l'épargne de l'autre, car ses enfants sont sans maîtres et sans éducation. Il se renferme le soir, fatigué de son propre plaisir, sans pouvoir jouir du moindre repos que ses oiseaux ne reposent, et que ce petit peuple, qu'il n'aime que parce qu'il chante, ne cesse de chanter. Il retrouve ses oiseaux dans son sommeil; lui-même il est oiseau, il est huppé, il gazouille, il perche, il rêve la nuit qu'il mue ou qu'il couve.

Les Caractères de La Bruyère

Au départ ça m’énervait un peu, je ne comprenais pas pourquoi il ne m’appelait jamais de chez lui. Mais maintenant j’aime bien quand R. me téléphone quand il trottine vers le Chinese Take-Away de son quartier à l’autre bout de Londres. Quand il arrive là-bas il me dit : « Je peux te rappeler dans quelques minutes ? » Le temps de passer sa commande, et il me rappelle. Puis on lui tend ses petits plats, alors il raccroche car il discute avec l’employée. Il est leur client nº 1 je parie ! Et puis il me rappelle et on papote jusqu’à sa porte. C’est devenu un petit rituel, ces bribes de conversation. On dirait que nous avons une relation clandestine. Ça ajoute du piquant.
J’aime bien déjeuner avec N. quand elle vient à Londres. J’ai l’impression d’être en vacances. Peut-être parce que nous déjeunons près de la Cathédrale Saint Paul, un terrain où je n’ai aucune attache. C’est un endroit assez bizarre qui tient de l’entre-deux, presque du no man’s land: il y a l’esplanade de la cathédrale flanquée d’une sorte d’agora, des rues larges qui débouchent sur des perspectives dont l’une mène au Millenium Bridge et à la Tate Modern mais aussi, à deux pas, un entrelacs de ruelles – où nous nous perdons immanquablement. C’est un lieu assez froid, fréquenté par les touristes et les employés de bureau. Pour moi c’est une plage de repos.
J’aimerais qu’avec C. nous continuions de « nous faire un p’tit resto » un soir de semaine, en prolongeant la soirée par une séance de cinéma. J’aime le trajet en bus jusque dans l’Est de Londres où nous convergeons à notre rythme : moi, je suis toujours en avance ! Je trépigne d’impatience dans mon bus. Ce bon petit dîner, cette dernière séance de cinéma, me rendent vraiment joyeuse.
Toutes ces petites rencontres abolissent les distances et font de Londres un village où il fait bon vivre.

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