mercredi 19 janvier 2011

Formule pratique

Saint-Germain l'Auxerrois
« La vie est ailleurs », j’aime le titre du roman de Milan Kundera. Ces quatre mots sont très utiles pour prendre du recul face à un stress. Ils permettent de garder son intégrité, son calme, de se protéger.
C’est un vrai sésame qui ouvre la porte vers cet « ailleurs », et le temps d’imaginer où il se situe, ce qu’il représente, ça y’est, le recul est pris, la machine peut repartir.  
Hier je n’ai pas eu besoin de ces quatre mots, même si nous étions mardi, la journée honnie du trimestre dernier. L’ailleurs me parvenait sans leur aide. Par exemple, au moment où je m’en voulais de ne pas m’être préparé un sandwich en notant les files d’attente devant les sandwicheries du quartier – les employés n’ayant qu’une heure de pause sont prêts à vous écharper vif si vous hésitez, ne serait-ce qu’une seconde, sur le pain, sa garniture et son assaisonnement... et, pour les mêmes raisons, de l’autre côté du comptoir, les préposés aux sandwichs, de peur de perdre un client, survoltés, vous rudoient, vous traitent avec mépris...  – bref, au moment où je pensais que l’affreuse cantine et les écoeurants sandwichs tout préparés ne me disaient rien qui vaille et que j’étais condamnée à travailler toute une journée le ventre creux, un texto arrivait me souhaitant gentiment de « trouver un petit coin pour déjeuner ». Cela me décida aussitôt à acheter un mauvais sandwich. Je venais à peine d’en grignoter un morceau quand une invitation à dîner m’arriva comme pour me consoler de cette maigre pitance. Dorénavant je ferai mon propre pack lunch !
Le ciel était d’un bleu éclatant, comme ce matin. Il faisait penser aux mers du Sud. Et pour mettre de bonne humeur il suffit de penser au documentaire de la BBC sur le Pacifique Sud narré par Benedict Cumberbatch (alias Sherlock Holmes). La façon dont il commente les coutumes locales, la danse nuptiale des insectes, la chenille carnivore qui grignote les feuilles pour mieux attraper ses proies, l’accouplement des phoques, est très drôle.  

Il y a aussi autre chose qui me met de bonne humeur, c’est de penser aux journées trépidantes de H. Il aime à dire en riant : « J’ai toujours beaucoup travaillé, c’est vrai ! » Ce n’est pas un workaholic, son travail le passionne, c’est tout. Le matin, il met un point d’honneur à se lever tôt pour bouquiner, ensuite il travaille d’arrache-pied, il a pleins de réunions qu’il dirige, il doit se déplacer sans cesse dans le monde entier, mais il est si bien organisé qu’il a le temps d'avoir une vie sociale, de courir les expos, de voir tous les films qui sortent, d’aller à l’opéra, le soir il poursuit ses lectures... Moi je trouve que ça galvanise de savoir que de telles personnes existent ! Mais ce qui me fait le plus plaisir c’est quand je l’ai entendu dire, face à l’adversité : « Cela ne m’affecte pas tellement car la vie est ailleurs ».

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