dimanche 30 janvier 2011

Tes épaules, tes muscles, tes forces

Tableaux de Nicolas Poussin au Louvre
En t’opposant ainsi à ton imagination, tu la vaincras et tu ne seras pas emporté par elle. Mais, d’abord, ne te laisse pas prendre par sa vivacité ; dis : « Attends un peu, image ; laisse-moi voir qui tu es, ce dont tu es l’image ; laisse-moi t’éprouver ». D’ailleurs ne lui permets pas de se développer, de représenter toutes ses conséquences ; sinon, elle s’en va en t’emportant où elle veut. Fais plus ; fais intervenir contre elle une image belle et noble et chasse celle qui est sale. Et si tu prends l’habitude de t’exercer ainsi, tu verras ce que deviennent tes épaules, tes muscles, tes forces. Mais maintenant tu n’as que de belles paroles et rien de plus. C’est l’ascète véritable qui s’exerce contre de telles images. Tiens bon, malheureux, ne te laisse pas emporter : grand est le combat, divine est l’oeuvre pour la royauté, pour la liberté, pour le bonheur, pour le calme de l’âme.

Epictète
Je ne connaissais pas ce texte d’Epictète et pourtant, depuis quelques temps déjà, je suis son conseil à la lettre : je chasse les images « sales » quand elles adviennent, et je les remplace, de plus en plus rapidement, par des images « belles et nobles ». J’ai toujours plus d’une telle image dans mon sac, au cas où la déprime surgirait au coin du bois. En ce moment d’ailleurs, j’ai un trop plein d’images belles et nobles qui dansent dans mon esprit, et loin de moi l’idée de m’en plaindre.

Cette semaine leur stock a augmenté mais j’ai aussi effectué de nombreux retraits par la force des choses : j’ai eu de « grands moments de solitude » devant certains comportements ou à la lecture de certains emails ; j’ai couru partout, ce fut une longue semaine, et je suis sur les genoux... En fait, jeudi matin, en sortant de chez moi, j’ai trébuché, et j’ai valdingué avant de m’écraser contre un mur sur mes genoux justement,  râpant la paume de mes mains contre les briques rêches... Mes genoux et mes paumes sont éraflés, ils me font mal. Je me suis relevée, me félicitant qu’il fasse encore nuit et qu’aucun de mes voisins ne soit à sa fenêtre ! 
Je suis éclopée mais qu’importe? Cette semaine j’ai acheté mon billet pour une prochaine virée à Paris et dans ses musées (Chagall au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, Cranach au Musée du Luxembourg, et pleins d’expos thématiques au Louvre) en mars en attendant avril : 5 jours/15 expos ; j’ai reçu pleins de livres sur Edgar Degas et sur la danse (expo à la Royal Academy en septembre), les Ecrits sur l’art de Huysmans et le deuxième tome des Années Douces de Taniguchi ; le livre que je lis sur Emilie du Châtelet fait la joie de mes trajets en bus ; il est sorti 3 films que je brûlais d’envie de voir ; grâce à toutes mes recherches en amont, l’article que j’écris coule de source et y travailler m’apporte un plaisir incroyable...
Si une sale image s’avisait de me troubler je lui dirais « Ouste, et plus vite que ça ! » en lui opposant les heures magiques à écouter les passionnants nouveaux cours d’Antoine Compagnon au Collège de France sur l’ Année 1966 - l'Annus Mirabilis.

 « Nous savons l’importance des oreilles dans l’oeuvre de Nietzsche ! » : cette phrase, prononcée sur un ton docte sur France Culture, m’a fait rire aux larmes cette semaine... larmes mieux employées que toutes celles que j’aurais pu verser et que j'ai retenues en m’écrasant salement sur le trottoir jeudi matin.

4 commentaires:

  1. Une crème à l'arnica et une théière de thé bien chaud réconfortent en cas de coup dur. De même que les projets qui réchauffent, les bons livres, les rêves réalisables, les tableaux qui s'impriment dans l'imaginaire... Doux dimanche !

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  2. Merci! A toi aussi! Il a bien commence.

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  3. J'ai été désolé d'apprendre que tu as ramassée une buche. Remets-toi vite!

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  4. Et pourtant ce n'etait pas Noel!

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