lundi 31 janvier 2011

Séance de cinéma from hell

Je n’ai jamais aimé l’acteur Clint Eastwood, et le réalisateur Clint Eastwood encore moins... Alors tant pis pour ma pomme si je suis bêtement allée voir cet affreux film qu’est Hereafter. Je l’ai fait en toute connaissance de cause. Mais maintenant je suis vaccinée à tout jamais contre le moindre film où le nom de Clint Eastwood paraîtra au générique ! Jamais je n’aurais pu imaginer la mocheté, les longueurs, les dialogues indigents, les acteurs qui semblaient avoir avalé un parapluie, les clichés à la pelle (la façon dont Londres est filmée est d’une balourdise !) de ce film. Quant au finale devant un Pizza Express, il est d’une niaiserie à pleurer. Mais qu’est-ce qu’elle joue mal dans ce film Cécile de France ! Ça faisait de la peine... Et les autres Français qui jouaient les éditeurs ou les journalistes, super bien sapés comme il se doit, avec barbe de trois jours... on aurait dit qu’ils faisaient une pub pour les pages hommes du catalogue de La Redoute ! C’était très gênant...
S’il n’y avait eu que ce navet sur l’écran... J’étais assise à côté de deux vieux grognons genre Muppet show, sourdingues et myopes comme des taupes, qui râlaient à voix haute dès que les sous-titres apparaissaient lors des séquences parisiennes tournées en français : « French again ! Can’t see ! » Et pourtant il n’y avait rien à lire vu la bêtise des dialogues du genre : « Tu couches avec elle, c’est ça ? » ou bien « J’ai vu des choses... quand j’étais sous l’eau... » 
Et ce tintouin sur François Mitterrand, « Tonton, my uncle » selon les sous-titres... Le public, venu voir Matt Damon (hyper décevant et qui passe son temps à émincer des légumes et à bouffer des pâtes...) qui lui, devait soi-disant dialoguer avec des morts dont on ne verra pas le plus petit bout de suaire, le public disais-je s’en contrefichait de Mitterrand et de ses casseroles... : des gamins au premier rang se chamaillaient, allumaient leurs portables (quelqu’un est allé en avertir un employé du cinéma qui est venu les sermonner) ; dans les autres rangées on  discutait comme dans son salon ; on rigolait comme des nouilles aux moments qui se voulaient tragiques ; des gens partaient, revenaient, et repartaient encore en grognant contre le film... Les incivilités pleuvaient... Si nous avions été au théâtre ils auraient jeté des tomates aux comédiens avant de tout casser ces spectateurs irrespectueux, bêtes à manger du foin...
« What a disappointment... » ont bougonné mes voisins quand les lumières se sont rallumées. Vite vite, rentrons dans notre petit nid douillet boire un thé et grignoter un biscuit me disais-je ! Dans le bus du retour je lis que Madame du Châtelet (qui est enfin tombée dans les bras de Voltaire) est amie avec Maupertuis, ce savant dont Madame de Puisieux disait : « Vous aimerez plus la vie après avoir lu Fontenelle ; après avoir lu Maupertuis, vous voudriez presque être mort. » Après un film de Clint Eastwood itou !

dimanche 30 janvier 2011

Tes épaules, tes muscles, tes forces

Tableaux de Nicolas Poussin au Louvre
En t’opposant ainsi à ton imagination, tu la vaincras et tu ne seras pas emporté par elle. Mais, d’abord, ne te laisse pas prendre par sa vivacité ; dis : « Attends un peu, image ; laisse-moi voir qui tu es, ce dont tu es l’image ; laisse-moi t’éprouver ». D’ailleurs ne lui permets pas de se développer, de représenter toutes ses conséquences ; sinon, elle s’en va en t’emportant où elle veut. Fais plus ; fais intervenir contre elle une image belle et noble et chasse celle qui est sale. Et si tu prends l’habitude de t’exercer ainsi, tu verras ce que deviennent tes épaules, tes muscles, tes forces. Mais maintenant tu n’as que de belles paroles et rien de plus. C’est l’ascète véritable qui s’exerce contre de telles images. Tiens bon, malheureux, ne te laisse pas emporter : grand est le combat, divine est l’oeuvre pour la royauté, pour la liberté, pour le bonheur, pour le calme de l’âme.

Epictète
Je ne connaissais pas ce texte d’Epictète et pourtant, depuis quelques temps déjà, je suis son conseil à la lettre : je chasse les images « sales » quand elles adviennent, et je les remplace, de plus en plus rapidement, par des images « belles et nobles ». J’ai toujours plus d’une telle image dans mon sac, au cas où la déprime surgirait au coin du bois. En ce moment d’ailleurs, j’ai un trop plein d’images belles et nobles qui dansent dans mon esprit, et loin de moi l’idée de m’en plaindre.

Cette semaine leur stock a augmenté mais j’ai aussi effectué de nombreux retraits par la force des choses : j’ai eu de « grands moments de solitude » devant certains comportements ou à la lecture de certains emails ; j’ai couru partout, ce fut une longue semaine, et je suis sur les genoux... En fait, jeudi matin, en sortant de chez moi, j’ai trébuché, et j’ai valdingué avant de m’écraser contre un mur sur mes genoux justement,  râpant la paume de mes mains contre les briques rêches... Mes genoux et mes paumes sont éraflés, ils me font mal. Je me suis relevée, me félicitant qu’il fasse encore nuit et qu’aucun de mes voisins ne soit à sa fenêtre ! 
Je suis éclopée mais qu’importe? Cette semaine j’ai acheté mon billet pour une prochaine virée à Paris et dans ses musées (Chagall au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, Cranach au Musée du Luxembourg, et pleins d’expos thématiques au Louvre) en mars en attendant avril : 5 jours/15 expos ; j’ai reçu pleins de livres sur Edgar Degas et sur la danse (expo à la Royal Academy en septembre), les Ecrits sur l’art de Huysmans et le deuxième tome des Années Douces de Taniguchi ; le livre que je lis sur Emilie du Châtelet fait la joie de mes trajets en bus ; il est sorti 3 films que je brûlais d’envie de voir ; grâce à toutes mes recherches en amont, l’article que j’écris coule de source et y travailler m’apporte un plaisir incroyable...
Si une sale image s’avisait de me troubler je lui dirais « Ouste, et plus vite que ça ! » en lui opposant les heures magiques à écouter les passionnants nouveaux cours d’Antoine Compagnon au Collège de France sur l’ Année 1966 - l'Annus Mirabilis.

 « Nous savons l’importance des oreilles dans l’oeuvre de Nietzsche ! » : cette phrase, prononcée sur un ton docte sur France Culture, m’a fait rire aux larmes cette semaine... larmes mieux employées que toutes celles que j’aurais pu verser et que j'ai retenues en m’écrasant salement sur le trottoir jeudi matin.

samedi 29 janvier 2011

Focus imaginarius

Jizô du temple d’Hase
Quand après le sommeil on regarde, dans une langueur voisine de l’assoupissement, avec des yeux que l’on pourrait dire dissociés, les fils divers des rideaux du lit ou de la couverture, ou encore les petites taches d’un mur tout proche, on les transforme aisément en dessins représentant des visages humains et autre chose de ce genre. L’artifice trompeur cesse dès qu’on le veut et qu’on force l’attention. Ici le transport du focus imaginarius des fantasmes est dans une certaine mesure soumis au libre arbitre tandis que dans l’hallucination il n’est pas de volonté qui puisse l’empêcher.

Rêves d’un visionnaire de Emmanuel Kant (1766)

Harry, dont je déplorais la mort inattendue il a 3 jours, n'était (comme il fallait s'y attendre, je sais, mon cher Emmanuel... ) pas mort... la suite de l'épisode était presque décevante comparé à ce qu'aurait pu être un feuilleton amputé de son héros! Je n'aurais jamais envisagé qu'il ressuscite si on ne m'avait pas vendu la mêche. Au lieu de me dire que les scénaristes ne pouvaient se passer de leur poule aux oeufs d'or, et qu'évidemment il y avait un subterfuge, j'ai totalement marché. Quel manque d'audace de leur part ! Et quelle naïveté de la mienne! A la fin, il a bien repris du poil de la bête et là aussi c'est un peu décevant parce qu'après toutes ses aventures dignes de James Bond et les horreurs qu'il a subies, on le retrouve frais comme un gardon! Vivement la semaine prochaine pour de nouvelles aventures, j'en frétille d'avance!

vendredi 28 janvier 2011

Vendredi, autre journée bien remplie... Choc-a-bloc je crois qu’on dit. Mais veille du samedi.
Je n’en reviens pas que cette semaine de folie se soit évanouie et que demain marque le début de deux journées absolument magnifiques... Bien remplies, à rabord même, mais qui elles, délassent et remplissent de joie. Alors, vivement ce soir qu’on s’couche !

jeudi 27 janvier 2011

Comme un jour sans pain

La reine des Yorkshire Puddings les a faits!
Très longue journée au menu varié. Avec des moments très légers et d’autres, pesants comme des enclumes. L’art sera de les équilibrer pour que ce jeudi ne me reste pas sur l’estomac !

mercredi 26 janvier 2011

Pourquoi ont-ils tué Harry?

Le corbeau chapardeur du temple Nezu
Qu’est-ce que mon médecin légiste préféré était allé faire dans cette galère ? Franchement ! Aller chercher des poux dans la tête de la mafia ukrainienne dans les rues chaudes de Budapest ! Quelle idée insensée! C’était le plus sexy de tous les as du bistouri... Il n’avait pas son pareil pour examiner les foies pas droits et les rates dilatées à la recherche d’indices... Impossible de tourner de l'oeil quand c'est lui qui maniait à pleines mains ces choses étranges, colorées et gluantes que nous trimballons en nous et qui nous font vivre. Et maintenant il est mort !? Assassiné sur les bords du Danube, qui n’est plus bleu mais rouge, rouge du sang de mon Harry ! Supprimé, biffé, rayé du scénario par les affreux scénaristes de Silent Witness ! Comment ont-ils pu me faire ça, à moi ! Moi qui les encensais ! Sherlock Holmes tué par Conan Doyle, mais c’est de la gnognotte à côté de la mort d’Harry ! Je le croyais intouchable, immortel... L’inspecteur Zen aux beaux yeux verts, qui nous fait bailler d’ennui le dimanche soir et mettre à fond le volume de nos sonotones tellement il marmonne... est-il mort lui ? Que nenni ! Il continue de se pavaner dans les rues de Rome, boudiné dans ses costumes en alpaga, et la pègre ne s’avise pas à toucher à un seul de ses cheveux ! C’est d’une injustice qui me laisse sans voix.

mardi 25 janvier 2011

Retour sur le Cygne Noir

J’ai été trop sévère hier soir avec Black Swan. En fait il est très ingénieux, on se laisse prendre et il devient de plus en plus difficile de démêler la réalité des fantasmes schizophrènes de l’héroïne. C’est un film très sombre, couleur des plumes du cygne noir, la seule couleur est le rouge sang. Gris, gris bleu, bleu nuit. On ressent un vrai malaise à le regarder, on y « laisse des plumes ». Si la salle s’est souvent esclaffée, si les rires fusaient devant le cinéma à la sortie, c’est sûrement pour retrouver bien vite son propre goût de vivre, pour oublier les corps anorexiques des danseuses, leur pâleur maladive, leur détresse. Ce matin je me rend compte que c’est un film très bien fait mais moche à regarder. Et que c’est « étudié pour ».

lundi 24 janvier 2011

La danse des canards

Je sors tout juste de Black Swan de Darren Aronofsky. J’espère ne pas faire de cauchemar cette nuit. Quelle horreur ! Mais je ne regrette pas l’avoir vu...on a bien ri tellement il est over the top. Epouvantable dans tous les sens du terme !

dimanche 23 janvier 2011

« Allons, mon cher enfant, je veux vous faire voir aujourd’hui de belles choses. »


Il frotta sans y penser l’anneau dont il ne connaissait pas encore la vertu. Aussitôt un génie d’une figure énorme et d’un regard épouvantable s’éleva devant lui comme de dessous la terre, et dit à Aladdin ces paroles: « Que veux-tu ? Me voici prêt à t’obéir comme ton esclave, et l’esclave de tous ceux qui ont l’anneau au doigt, moi et les autres esclaves de l’anneau. » En tout autre temps et en toute autre occasion, Aladdin qui n’était pas accoutumé à de pareilles visions, eût pu être saisi de frayeur, et perdre la parole à la vue d’une figure si extraordinaire ; mais occupé uniquement du danger présent où il était, il répondit sans hésiter : « Qui que tu sois, fais-moi sortir de ce lieu, si tu en as le pouvoir. »

Histoire d’Aladdin ou la lampe merveilleuse dans Les Mille et une Nuits


En ce jour d’hiver
Je rêvais d’une mise au vert
D’humer du bon air
D’épier de vrais-faux pics-verts
En compagnie d’êtres chers
Avec qui je ferais bonne chère...
Et c’est exactement ce que je vais faire !

samedi 22 janvier 2011

Enfin!

Louvre
Fini le travail !
(Un petit peu quand même...)
Vive le week-end !
(Il promet d’être réjouissant)
Même si le temps est terriblement froid et gris.

vendredi 21 janvier 2011

C'est ma fête!

Les Sainte Agnès se suivent et ne se ressemblent pas: ici et ici.
De quoi sera faite ma fête? De travail acharné. Et la capacité que j'ai, ces jours-ci, de prendre plaisir à noircir les pages de mon agenda de toutes sortes de rendez-vous et de réunions - comme pour mettre à l'épreuve ma bonne humeur - frise le masochisme.
Jamais je n'ai autant attendu un lendemain de fête!

jeudi 20 janvier 2011

4 fers en l'air

Cheval du Luristan, Iran
Ashmolean Museum - Oxford
Travail, turbin, pain sur la planche
Mes jeudis ne sont plus ce qu’ils étaient...
Vivement la semaine où ils seront quatre !

mercredi 19 janvier 2011

Formule pratique

Saint-Germain l'Auxerrois
« La vie est ailleurs », j’aime le titre du roman de Milan Kundera. Ces quatre mots sont très utiles pour prendre du recul face à un stress. Ils permettent de garder son intégrité, son calme, de se protéger.
C’est un vrai sésame qui ouvre la porte vers cet « ailleurs », et le temps d’imaginer où il se situe, ce qu’il représente, ça y’est, le recul est pris, la machine peut repartir.  
Hier je n’ai pas eu besoin de ces quatre mots, même si nous étions mardi, la journée honnie du trimestre dernier. L’ailleurs me parvenait sans leur aide. Par exemple, au moment où je m’en voulais de ne pas m’être préparé un sandwich en notant les files d’attente devant les sandwicheries du quartier – les employés n’ayant qu’une heure de pause sont prêts à vous écharper vif si vous hésitez, ne serait-ce qu’une seconde, sur le pain, sa garniture et son assaisonnement... et, pour les mêmes raisons, de l’autre côté du comptoir, les préposés aux sandwichs, de peur de perdre un client, survoltés, vous rudoient, vous traitent avec mépris...  – bref, au moment où je pensais que l’affreuse cantine et les écoeurants sandwichs tout préparés ne me disaient rien qui vaille et que j’étais condamnée à travailler toute une journée le ventre creux, un texto arrivait me souhaitant gentiment de « trouver un petit coin pour déjeuner ». Cela me décida aussitôt à acheter un mauvais sandwich. Je venais à peine d’en grignoter un morceau quand une invitation à dîner m’arriva comme pour me consoler de cette maigre pitance. Dorénavant je ferai mon propre pack lunch !
Le ciel était d’un bleu éclatant, comme ce matin. Il faisait penser aux mers du Sud. Et pour mettre de bonne humeur il suffit de penser au documentaire de la BBC sur le Pacifique Sud narré par Benedict Cumberbatch (alias Sherlock Holmes). La façon dont il commente les coutumes locales, la danse nuptiale des insectes, la chenille carnivore qui grignote les feuilles pour mieux attraper ses proies, l’accouplement des phoques, est très drôle.  

Il y a aussi autre chose qui me met de bonne humeur, c’est de penser aux journées trépidantes de H. Il aime à dire en riant : « J’ai toujours beaucoup travaillé, c’est vrai ! » Ce n’est pas un workaholic, son travail le passionne, c’est tout. Le matin, il met un point d’honneur à se lever tôt pour bouquiner, ensuite il travaille d’arrache-pied, il a pleins de réunions qu’il dirige, il doit se déplacer sans cesse dans le monde entier, mais il est si bien organisé qu’il a le temps d'avoir une vie sociale, de courir les expos, de voir tous les films qui sortent, d’aller à l’opéra, le soir il poursuit ses lectures... Moi je trouve que ça galvanise de savoir que de telles personnes existent ! Mais ce qui me fait le plus plaisir c’est quand je l’ai entendu dire, face à l’adversité : « Cela ne m’affecte pas tellement car la vie est ailleurs ».

mardi 18 janvier 2011

La traversée de l’hiver (2)

Les premiers qui eurent gravi jusqu'au sommet aperçurent la mer et jetèrent de grands cris : ils furent entendus de Xénophon et de l'arrière‑garde. On y crut que de nouveaux ennemis attaquaient la tête de la colonne (...). Les cris s'augmentèrent et se rapprochèrent,  car de nouveaux soldats se joignaient sans cesse en courant à ceux qui criaient. Leur nombre augmentant, le bruit redoublait, et Xénophon crut qu'il ne s'agissait pas d'une bagatelle. Il monta à cheval, (...) et courut le long du flanc de la colonne pour amener du secours : il distingua bientôt que les soldats criaient la mer, la mer, et se félicitaient les uns les autres, alors arrière‑garde, équipages, cavaliers, tout courut au sommet de la montagne. Quand tous les Grecs y furent arrivés, ils s'embrassèrent, ils sautèrent au cou de leurs généraux et de leurs chefs, les larmes aux yeux.

Anabase (IV) de Xénophon
Moi je crierai « Thalassa ! Thalassa ! » début mars, en sortant de l’expo Afghanistan au British Museum (qui ouvrira le 3). Je m’imagine déjà me frottant les mains car ce que ne faisais qu'entr'apercevoir, et qui me  paraît encore si loin et inatteignable aujourd’hui, commencera à dévoiler ses charmes.
Combien de palissades il aura fallu escalader, et de branches écarter, pour se retrouver sur les bords de la Seine !  C’est pour toutes les bonnes choses qui m’attendent que j’ai hâte de me jeter dans la mêlée...

lundi 17 janvier 2011

La traversée de l’hiver (1)

Ça y’est, Noël, le Nouvel An, la galette des rois, les escapades parisiennes, tout ça, c’est derrière. Il faut aller tout droit devant en faisant tout pour garder la tête hors de l’eau. J’ai bon espoir !
Car au bout du chemin...
Je devrais dire « tout au long du chemin », il va y avoir – entre autres - plein de films excitants (4 avant même la fin de ce mois-ci !), la sortie du tome 2 des Années Douces de Taniguchi, Jan Gossaert à la National Gallery, une expo sur l’Afghanistan au British Museum... De quoi reléguer aux oubliettes de la mémoire toutes les réunions et les corrections du monde !

dimanche 16 janvier 2011

Au mois doux

En ouvrant les yeux, et l’espace d’un moment, j’ai cru que nous étions au mois de mai, et ce n’est pas pour la couleur du ciel que je ne connaissais pas encore – lui non plus car il hésite entre le bleu, le gris et le noir. Une sensation bulle de savon qui menaçait d’éclater et de se disperser trop vite, alors je suis restée immobile pour la savourer. Bonne manière de débuter un dimanche studieux !

samedi 15 janvier 2011

Photogénie

Tokyo
Je le répète: l’Eau est égale au temps et procure à la beauté son double. En partie eau, nous servons la beauté de la même manière. En se frottant à l’eau, cette ville améliore l’allure du temps, embellit l’avenir. Parce que cette ville est immobile alors que nous sommes en mouvement. La larme en est la preuve. Parce que nous allons et que la beauté reste. Parce que nous sommes tournés vers l’avenir alors que la beauté est un éternel présent. La larme est une tentative pour demeurer, rester en arrière, se fondre avec la ville. Mais c’est contre les règles. La larme est un retour, un hommage de l’avenir au passé. Ou bien c’est ce que l’on obtient quand on soustrait le plus grand du plus petit : la beauté de l’homme. Il en va de même de l’amour parce que notre amour, lui aussi, est plus grand que nous.

Acqua Alta de Joseph Brodsky (Gallimard, 1992)


Tours
Hier soir j’ai regardé A room and half de Andreï Khzhanovsky sur la vie de Joseph Brodsky. C’est un film magnifique, inventif, extraordinaire et surtout extrêmement émouvant. J’ai pleuré comme une fontaine.

Kyoto
Le film est si beau, si ingénieux, si magistral, que rien que pour ça, j’y serais allée de ma petite larme, de toute façon. Sans compter l’histoire qui est poignante. Et puis Joseph Brodsky, poète, Prix Nobel de Littérature, né en 1940, est mort très jeune, en 1996. Mais si les grandes eaux se sont déclanchées, c’est parce que le film m’a replongée au début des années 1990, quand j’apprenais le russe encore. J’étais tombée par hasard sur une interview de Joseph Brodsky dans The Paris Review, une revue littéraire américaine, illustrée par une photo en noir et blanc représentant le poète à sa table de travail, dans un bureau baignant dans un désordre indescriptible. Il y avait quelque chose dans cet article et surtout dans la photo qui m’avait vraiment impressionnée, je ne saurais dire quoi. A l’époque il y avait régulièrement des poèmes de Brodsky dans le Times Literary Supplement, et j’ai gardé – je dois l’avoir quelque part – le poème qui lui rendait hommage après sa mort.
Londres
C’était toute une époque pour laquelle je n’éprouve aucune nostalgie, mais y penser m’émeut étrangement. J’étais passionnée par sa poésie, et à travers elle je m’étais intéressée à Anna Akhmatova, à Marina Tsvetaïva, et à tant d’autres poètes russes que je lisais directement en russe... Si ce n’était pour mes yeux gonflés qui me donnent l’air d’un batracien, ça me plaît de penser que, comme l’écrit Joseph Brodsky, mes larmes d’aujourd’hui rendent hommage à mon passé!

C’est de Venise en hiver - le grand amour de l'oeil - dont parle Joseph Brodsky dans son livre, mais parfois j’ai l’impression qu’il s’agit de Tokyo.

vendredi 14 janvier 2011

Quelle comédie!

J’imaginais ma gorge serrée, le manque de salive, la difficulté d’articuler... Ils s’apercevraient que j’étais tendue, ce serait affreux. Ils réclameraient leurs profs du premier trimestre à corps et à cris. Combien de temps cela me prendrait-il pour être à mon aise ? Voilà ce dont je tremblais. C’est simple, je serais l’ombre de moi-même.
Au moment venu de rentrer sur scène – plutôt l’estrade – mon trac a disparu. Tout a marché comme sur des roulettes et quand le rideau est tombé, j’étais vraiment satisfaite. Ce n’est donc pas demain que je ferais mes adieux !

jeudi 13 janvier 2011

Vivement demain!

Un excellent film: The King’s speech de Tom Hooper
Une chouette soirée avec une amie
Un bon dîner au restaurant
Une tête pleine d’agréables souvenirs
N’empêchent pas de se sentir comme un frêle petit mouton le jour de la rentrée...

mercredi 12 janvier 2011

Paris 1 (d)

Last but not least
La dernière étape, la plus belle, la plus attendue
La corne d'abondance, la lyre, la palette, le globe
Les murs ne mentaient pas
Derrière moi, dans la file d’attente avant l’entrée sous la pyramide, deux femmes s’étonnaient de devoir passer par là. Elles étaient restées au temps où l’entrée se faisait aile Vivant Denon, avant la construction de la pyramide en 1993. Elles n’étaient pas revenues au Louvre depuis et j’avais envie de leur demander ce qui les menait là.
Quand je suis dans le coin, je jette toujours un coup d’oeil à l’aile Vivant Denon : je me revois lors de ma première visite. J’avais 17 ans et un sweat-shirt vert pomme. Je me souviens que l’entrée donnait directement sur la galerie égyptienne. Je revois encore ces deux majestueux sphinx de granit qui nous accueillaient. Nous n’étions que quelques-uns à attendre l’ouverture des portes. C’est gravé dans ma mémoire.
Mon coeur battait la chamade quand j’ai pris cette photo: je venais de grimper le satané escalier Henri IV à la recherche de l’exposition mise en scène par Patrice Chéreau (juxtapositions de tableaux de divers artistes d’époques différentes et de photos de Nan Goldin... splendide). Le soir tombait sur la Cour Carrée. Les couleurs semblaient se fondre entre elles. Bientôt, il ferait à peine nuit, je serais dans le 48 en direction de la  Gare du Nord et de Londres. Je serais fourbue, les pieds en compote, mais aux anges après une journée si bien remplie !